La Monnaie, une maison de créations ! Depuis plus de trois siècles, de nombreux opéras ont vu le jour au cœur de Bruxelles, une tradition que nous sommes fier.ère.s de perpétuer au XXIe siècle. Parce que nous croyons fermement que le « Grand Répertoire » n’est pas un livre fermé, mais une histoire à laquelle chaque époque ajoute son propre chapitre plein de musique passionnante, de thèmes pertinents et d’écritures innovantes. C’est aussi le cas de notre époque, raison pour laquelle nous présenterons une ou deux nouvelles œuvres de commande chaque saison entre aujourd’hui et 2025. Sur ce blog, vous pourrez suivre de près la genèse de ces productions uniques.
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Noben follow-up
© Simon Van Rompay Dans une semaine aura lieu la création mondiale de Beyond, le concerto pour orchestre de Harold Noben. Quel regard le compositeur porte-t-il sur sa partition achevée ? Comment a-t-elle évolué depuis ses sessions de travail avec les musiciens de notre orchestre ?
« Globalement, la forme finale de la pièce n’a pas beaucoup changé depuis son ébauche originale, mais elle a beaucoup évolué au sein des différentes parties et dans la manière de les traiter.
Ces différences sont notamment dues au cheminement que prend toujours une composition : il arrive ce moment où l’œuvre elle-même guide le compositeur et lui indique – s’il veut bien l’entendre – quelles idées fonctionneront ou pas et, pour des impératifs musicaux évidents, il faut alors se laisser prendre par la main pour explorer d’autres possibilités que celles initialement projetées avant même d’écrire l’œuvre.
Ces différences sont également nées de ma rencontre avec les quelques solistes. Travailler avec eux m’a permis de mieux évaluer ce qui allait être pertinent ou non pour la pièce, et aussi pour eux. J’ai donc tenté d’harmoniser mes souhaits en tenant compte des solistes, de la pièce et de mes idées. »
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Création du Chœur Cassandra
Ce samedi 3 septembre, 300 personnes d’horizons variés ont répondu avec enthousiasme à l’appel de la Monnaie pour constituer un chœur amateur, qui se produira en marge de la création de Cassandra, en septembre 2023.
Le lancement de ce projet hors du commun s’est déroulé dans la plus grande bonne humeur autour d’un verre de l’amitié, suivi d’une visite guidée et d’un premier atelier de chant dirigé par Laurence Renson.
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Noben-workshop
';Harold Noben | Beyond (world premiere) Dans cette vidéo filmée lors d’un atelier, le compositeur Harold Noben explore tout le potentiel expressif desinstruments de trois de nos musicien·ne·s. Vous souhaitez entendre le résultat final ? La création mondiale de Beyond, sous la baguette de notre directeur musical Alain Altinoglu, aura lieu dans quelques semaines.
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Back to school
© Pieter Claes C’est la rentrée !
Une nouvelle fois, grâce à notre programme éducatif MM Schools, l’opéra est au programme de nombreux élèves tout au long de cette année scolaire ! Que ce soit dans l’enseignement primaire, secondaire ou supérieur : à chaque niveau, nos créations Cassandra et Solar seront traitées en profondeur.
- Enseignement primaire : Le Vol d’Icare est un atelier ludique développé autour du personnage central de Solar.
- Enseignement secondaire et supérieur : deux ateliers à suivre avec toute la classe autour de deux mythes classiques revisités par l’opéra Solar (workshop et opéra) et l’opéra Cassandra (atelier voix et mouvement).
- Formation des enseignant·e·s : Assistez à une journée pédagogique dédiée à Cassandra ou à Solar.
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Degout-Bou
© Bernd Uhlig Il ne se passe pas un mois, voire parfois même une semaine, sans que le puzzle d’une création ne doive être réassemblé avec d’autres pièces. Ainsi, c’est le cas de On purge bébé. Notre MM Ambassador Stéphane Degout doit malheureusement annuler sa participation à cette création pour des raisons personnelles. À quelques mois de la première, nous avons heureusement pu trouver rapidement un digne remplaçant : Monsieur Follavoine sera incarné par Jean-Sébastien Bou, qui s’était déjà produit à la Monnaie dans le rôle de Don Giovanni. D’un bon père de famille à un autre...
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Composer's journal 2
© Simon Hoyle Howard Moody – Le journal du compositeur
#2 La réaction du compositeur face au synopsisC’est en voyant le tableau de Brueghel au Musée des Beaux-Arts, La Chute d’Icare, et en lisant le poème de W.H. Auden que m’est venue l’idée d’écrire un opéra « environnemental » à partir de ce mythe. Comme l’a observé Auden, il est impossible de se détourner du désastre. Mes propres idées et concepts commençaient à prendre forme, mais j’avais hâte de voir comment Anna allait répondre au cahier des charges de la commande pour créer toute une histoire dramatique.
Lorsque j’ai reçu le synopsis complet d’Anna, j’ai été époustouflé par son originalité et son sens de l’urgence contemporaine. Elle a réussi à refléter la crise environnementale de notre époque en rééquilibrant notre perception du mythe d’Icare.
Talos, le cousin d’Icare, est placé au centre de l’action. L’opéra commence par une scène où son oncle Dédale le tient tout au bord d’une falaise. L’ouverture d’un spectacle par une musique soutenue et dramatique est le rêve de tout compositeur ! La transformation de Talos en oiseau est fidèle au mythe original mais, dans Solar, le personnage s’élève pour devenir une voix empressée, pour appeler au changement – un message qui sera chanté par un soprano dramatique. Le public ne pourra pas y échapper.
Anna a décidé que le Soleil sera joué par le Chœur d’enfants. Son rôle sera central dans chaque scène, interagissant avec le monde des hommes. Ces jeunes voix, brillamment formées, vont transmettre la puissance rageuse du Soleil, pour pouvoir donner la voix la plus forte à la prochaine génération. Ce rôle permet aux jeunes interprètes de s’impliquer pleinement dans chaque scène de l’action et invite une musique énergique et rythmée qui nécessitera toute leurs forces vocales.
L’action humaine, quant à elle, couvre une vaste gamme d’émotions et de relations complexes. Les personnages principaux révèlent de nombreuses facettes d’eux-mêmes, ce qui permet à chaque aria d’évoquer une humeur et une intention distinctes. J’ai du pain sur la planche ! Dédale, qui se retrouve piégé par sa propre invention ainsi que par sa jalousie, possède une complexité qui convient parfaitement à une voix de baryton. En revanche, le timbre perçant d’une voix de ténor se prête mieux au contrôle manipulateur du roi Minos.
Anna présente Icare en plein moment de tristesse. Elle a décidé de tisser un lien étroit entre Icare et Talos, ce qui constitue un autre de ses propres ajouts à l’histoire originale. La mort de Talos est d’autant plus tragique qu’Icare doit affronter le fait que son propre père a tué quelqu’un qui était comme un frère pour lui. La scène dans laquelle Icare et les « apprentis » (joués par le Chœur de jeunes) pleurent la mort de Talos permettra de mettre en évidence le chant virtuose de la voix du soliste contre-ténor qui incarnera Icare. La possibilité de superposer cette voix avec celle des apprentis et du soprano jouant Talos a immédiatement suscité des idées musicales.
Solar possède tous les éléments clés qui font qu’une histoire mérite d’être traitée à l’opéra, avec le défi musical majeur d’exprimer un message urgent à la fin de l’opéra. C’est parti…
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La Passion de Gilles
On purge bébé sera l’opéra numéro 8,5 de Philippe Boesmans à la Monnaie. Il couronne une collaboration artistique de presque quarante ans. En voici un aperçu.
#1 La Passion de Gilles
C’est un ancien directeur de la Monnaie, Gerard Mortier, qui pose la première pierre de la carrière lyrique de Philippe Boesmans. Il fait appel à lui au début des années 1980 pour La Passion de Gilles (1983).
L’opéra, basé sur l’histoire du « Barbe-Bleue français » Gilles de Rais, est joué neuf fois à guichets fermés, avant qu’il ne soit décidé, à l’improviste, d’ajouter une représentation. L’intérêt pour cette dernière est si grand que le public occupe même les escaliers latéraux – fait inédit pour une nouvelle création.
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L’incoronazione di Poppea
#1,5 L’incoronazione di Poppea
En 1989, la Monnaie présente une nouvelle production de L’incoronazione di Poppea. De cet opéra inachevé de Monteverdi, seuls les passages chantés ont survécu, ainsi que des notes brutes qui donnent une idée de l’harmonie. La Monnaie demande à Philippe Boesmans d’en réaliser une nouvelle adaptation et une nouvelle orchestration, qui se distingueront par leurs accents modernes dans un style baroque. Le clavecin est même doublé par des sons provenant de synthétiseurs. Le travail sur Poppea aura une influence profonde sur l’écriture de Boesmans : « J’ai beaucoup appris de Monteverdi, notamment le fait que chaque personnage a un profil vocal distinct, avec ses propres intervalles. » Il marque également le début d’une série de collaborations avec le metteur en scène-librettiste Luc Bondy, le Da Ponte de Boesmans. -
Reigen
#2,5 Reigen
La collaboration avec Luc Bondy se poursuit d’abord avec Reigen (1993), une adaptation de la pièce éponyme d’Arthur Schnitzler. L’histoire est une grande chaîne d’amour : la prostituée aime le soldat qui se languit de la femme de chambre, laquelle s’est entichée du jeune homme qui n’a d’yeux que pour la jeune épouse amoureuse de son mari, tandis que ce dernier est sous le charme d’une jeune dépravée elle-même éprise du poète, amant de l’actrice qui entretient une liaison avec le comte, lequel se réveille un beau matin aux côtés de la prostituée. Selon Boesmans, l’atmosphère érotique permanente de cet opéra aurait été à l’origine d’un baby-boom au sein du personnel de la Monnaie. Cela reste à vérifier, mais ce dont nous sommes sûrs, c’est que la pièce est devenue l’un de ses plus grands succès. Elle est encore reprise de nos jours, notamment dans la réduction pour orchestre de chambre réalisée par Fabrizio Cassol. -
Wintermärchen
© Ruth Walz #3.5 Wintermärchen
Bernard Foccroulle, le successeur de Gerard Mortier (et compositeur de Cassandra), s’adresse également au duo Boesmans/Bondy pour un nouvel opéra. Le choix se porte sur le Conte d’hiver de Shakespeare. Les scènes sur la côte de Bohême (pardonnez à Shakespeare ses connaissances géographiques limitées) sont en grande partie en anglais et sont accompagnées de musique jazz-rock. Un défi pour le chef d’orchestre Antonio Pappano, qui a dû intégrer la musique de l’ensemble belge Aka Moon aux parties orchestrales.
Bernard Foccroulle, le successeur de Gerard Mortier (et compositeur de Cassandra), s’adresse également au duo Boesmans/Bondy pour un nouvel opéra. Le choix se porte sur le Conte d’hiver de Shakespeare. Les scènes sur la côte de Bohême (pardonnez à Shakespeare ses connaissances géographiques limitées) sont en grande partie en anglais et sont accompagnées de musique jazz-rock. Un défi pour le chef d’orchestre Antonio Pappano, qui a dû intégrer la musique de l’ensemble belge Aka Moon aux parties orchestrales.
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Julie
© Ruth Walz #4,5 Julie
Julie, créée en 2004 avec Luc Bondy sous la direction de Kazushi Ono, est un nouveau chef-d’œuvre composé d’après Fröken Julie d’August Strindberg. Dans Julie, nous vivons l’amour interdit entre Julie, la fille du comte, et Jean, son domestique, dans la cuisine et en marge d’une soirée, ravis jusqu’au délire par leurs rêves d’évasion, d’ascension sociale et d’amour. Kirsten, la cuisinière et concubine de Jean, défend l’ordre social et moral, qui tombe comme un couperet au retour du comte.