Les Abeilles de Cassandra
Des abeilles à l’opéra
Bernard Foccroulle : « L’une des premières idées proposées par Matthew [Jocelyn], très au début de notre réflexion sur cet opéra, fut de concevoir trois moments (pas très longs) où l’on entendrait seulement des abeilles. Très nombreuses dans la première scène, elles seraient une quinzaine dans la deuxième, et il n’en resterait que quelques-unes dans la dernière. Une manière d’évoquer la nature et le travail de ces insectes si précieux dont on redoute aujourd’hui l’extinction. Une façon également de nous relier à l’époque mythologique où, déjà, les abeilles étaient considérées comme des êtres essentiels, quasi magiques, liés au culte d’Apollon. Pour « composer » ces scènes d’abeilles, j’ai écouté avec beaucoup d’attention les abeilles dans mon jardin en Bretagne.
Début 2021, une séance de travail très utile a eu lieu avec l’orchestre : sous la direction d’Ouri Bronchti, les cordes de la Monnaie ont déchiffré les trois scènes d’abeilles. Je voulais notamment vérifier l’écriture en sixièmes de ton, qui me permettait d’évoquer ces glissandi typiques du vol de ces insectes. J’ai également pris conscience de la nécessité d’espacer les interventions des musiciens afin d’éviter les risques de crampe, vu la vitesse des tremolos. Voici un fragment de la première de ces trois scènes, enregistrée lors de cette répétition à la Monnaie en janvier 2021. Les cordes sont seules, elles jouent le plus souvent très près du chevalet, afin de produire ce son typique des abeilles. »