Peter de Caluwe Cassandra
Après la présentation de la maquette de Cassandra, notre directeur général et artistique Peter de Caluwe a fait le point sur le projet :
« Entre la présentation du concept de Cassandra et la première mondiale de l’œuvre prévue en septembre 2023, nos Ateliers auront suffisamment de temps pour convertir les dessins du décorateur en un décor fonctionnel. L’équipe artistique a remarquablement tenu compte de notre cahier des charges : elle a parfaitement intégré la politique Green Opera de la Monnaie dans le thème du nouvel opéra, et elle réalisera le décor de la manière la plus écologique possible.
L’opéra traite de la tragédie de ne pas être entendu·e. En même temps, l’œuvre pose le problème du changement climatique dont nous avons conscience, mais dont nous semblons peu nous préoccuper. Comme Cassandre – qui avait prédit la fin imminente de Troie – nous voyons venir le danger, mais nous nous accrochons à nos habitudes, contribuant ainsi à la fonte des icebergs et à l’extinction des abeilles.
Ce thème a inspiré à l’équipe la création d’un plateau entièrement composé de matériaux recyclables. Les milliers de livres d’occasion qui, ensemble, symboliseront la bibliothèque de Troie, en sont un bon exemple, mais dans leur disparition progressive de la scène, ils font également référence au sort actuel des glaciers et des forêts tropicales. Pour réunir cette bibliothèque sur scène, la saison prochaine, la Monnaie invitera le public à faire don d’un livre significatif et pour lui précieux, qui prendra donc place dans le décor de la production.
Le compositeur Bernard Foccroulle a déjà écrit les trois quarts de la partition. Les abeilles en constituent un ingrédient particulier : dans sa composition, il y a quatre moments « avec les abeilles », dont le bourdonnement diminue de manière audible tout au long de la pièce, de sorte que nous devinons qu’un essaim initialement important se réduit petit à petit à quelques abeilles solitaires... symbolisant ainsi la perte de l’une des espèces les plus cruciales dans le mystérieux maintien de l’équilibre de notre écosystème.
Ainsi, Cassandra devient non seulement une réflexion philosophique sur notre responsabilité en tant qu’êtres humains, sur notre surexploitation de la planète, mais aussi une performance que nous réaliserons selon les règles de notre stratégie Green Opera. Ou comment la théorie peut aussi devenir la pratique. Cela pourrait même nous faire réfléchir sur le thème de l’opéra : après tout, le fait de ne pas être entendu·e n’est pas un problème individuel, il pèse sur toute notre société comme l’annonce d’une catastrophe en devenir. »