Comment fêter les 250 ans d’un orchestre qui a défendu le répertoire contemporain tout au long de son histoire si ce n’est avec la création d’une nouvelle œuvre symphonique ?! Après avoir été acclamé pour son opéra de chambre À l’extrême bord du monde, le compositeur belge Harold Noben s’est vu commander par la Monnaie un « concerto pour orchestre » dans lequel les solistes de l’Orchestre symphonique ne manqueront pas de briller. Notre directeur musical Alain Altinoglu donnera à la pièce sa première mondiale lors du concert d’ouverture de la saison 2022-23. D’ici là, vous pouvez suivre toutes les étapes de sa création sur cette page.
Composition Harold Noben
Direction musicale Alain Altinoglu
Première : 25.9.2022
Retour sur la première mondiale de Beyond, exactement une semaine après sa création. Après tous les doutes, tout le travail et toute la tension qui accompagnent le processus créatif, une nouvelle œuvre a résonné dans le Palais des Beaux Arts au plus grand ravissement de l’orchestre, du chef, du public et du compositeur lui-même.
Dans une semaine aura lieu la création mondiale de Beyond, le concerto pour orchestre de Harold Noben. Quel regard le compositeur porte-t-il sur sa partition achevée ? Comment a-t-elle évolué depuis ses sessions de travail avec les musiciens de notre orchestre ?
« Globalement, la forme finale de la pièce n’a pas beaucoup changé depuis son ébauche originale, mais elle a beaucoup évolué au sein des différentes parties et dans la manière de les traiter.
Ces différences sont notamment dues au cheminement que prend toujours une composition : il arrive ce moment où l’œuvre elle-même guide le compositeur et lui indique – s’il veut bien l’entendre – quelles idées fonctionneront ou pas et, pour des impératifs musicaux évidents, il faut alors se laisser prendre par la main pour explorer d’autres possibilités que celles initialement projetées avant même d’écrire l’œuvre.
Ces différences sont également nées de ma rencontre avec les quelques solistes. Travailler avec eux m’a permis de mieux évaluer ce qui allait être pertinent ou non pour la pièce, et aussi pour eux. J’ai donc tenté d’harmoniser mes souhaits en tenant compte des solistes, de la pièce et de mes idées. »
Dans cette vidéo filmée lors d’un atelier, le compositeur Harold Noben explore tout le potentiel expressif desinstruments de trois de nos musicien·ne·s. Vous souhaitez entendre le résultat final ? La création mondiale de Beyond, sous la baguette de notre directeur musical Alain Altinoglu, aura lieu dans quelques semaines.
Des notes manuscrites couchées sur le papier à la partition déposée sur les pupitres des musiciens : quel chemin emprunte aujourd’hui une nouvelle œuvre ? C’est ce que nous verrons à travers notre prochaine création symphonique, Beyond, et nous commençons ab ovo avec l’explication de son compositeur : Harold Noben.
« Un de mes meilleurs outils de travail, c’est mon cahier d’esquisses. Celui-ci est indispensable pour effectuer l’écriture de certaines parties qu’il m’est impossible de traiter directement par ordinateur. Je m’en sers donc souvent. Par contre, j’écris essentiellement avec un clavier de piano numérique, en introduisant tout via un logiciel d’édition de partitions (Finale).
Sur ma partition informatique de travail, il y a également des portées supplémentaires de brouillon sur lesquelles je reporte soit des idées, soit différentes versions de travail de ces idées afin de les rassembler au bon endroit du texte musical (ce qui n’est pas faisable avec un cahier d’esquisses), et qui permet ainsi d’avoir une vue globale du résultat sur la partition.
Une fois le texte achevé, j’édite tout moi-même dans un autre fichier, la partie direction et les parties instrumentales séparées, ce qui me permet d’avoir un autre temps de relecture et de corrections. Dans l’idéal, il est toujours prudent, une fois le tout terminé, de faire relire la partition par un ami ou collègue avec un œil extérieur pour éviter des erreurs, coquilles et autres détails que l’on ne voit plus soi-même lorsqu’on est le nez dedans depuis des semaines. Mais le manque de temps ne le permet pas souvent – un compositeur qui a du retard, c’est un pléonasme pour la plupart d’entre nous (sourire) – car il faut ensuite que le matériel passe par la bibliothèque de l’orchestre, que celle-ci transmette les partitions aux musiciens, notamment aux différents chefs de pupitre chargés de coordonner tous les mouvements musicaux (comme les coups d’archet par exemple), et que le chef d’orchestre ait le temps de s’approprier la partition avant les premières répétitions. »
« Je choisis souvent des titres en anglais. Peut-être parce que qu’on peut les comprendre partout. Mais cette fois, c’est plus spécifiquement parce que le mot en français « au-delà » revêtait un double sens qui ne convenait pas du tout à ma pièce. Le mot « beyond » exprime juste l’idée qu’il faut traverser quelque chose pour découvrir ce qu’il y a derrière, et c’est un peu cette idée qui a nourri la composition. L’idée aussi qu’il est parfois nécessaire de se confronter à quelque chose – parfois simplement à soi-même et à ses peurs – pour pouvoir avancer et dépasser les peurs, les épreuves. Un peu comme un petit enfant qui s’apprête à sauter dans l’eau mais qui n’ose pas et qui doit « traverser » ses craintes, voire sa panique, pour arriver à se lancer et découvrir à la fois la sensation de l’eau, mais aussi la joie d’avoir pu aller au-delà de ses peurs. Cela reste vrai à tout âge. Et cette traversée peut résonner de mille manières différentes auprès de chaque personne. C’est pour ça que je me suis tenu à ce seul mot, « beyond ». Au début, je voulais un titre plus long, mais il devenait alors trop explicite et réducteur. Or il me semble plus juste que chacun puisse recevoir la pièce à sa manière et suivant son propre vécu. »
Évoquez le mot « composer » et beaucoup de monde s’imaginera une personne seule, dans un bureau silencieux, griffonnant des notes de musique sur de pages de partition, se levant parfois pour essayer quelques segments au piano. Cependant, pour de nombreuses œuvres musicales, et certainement pour les concertos, le processus de création est beaucoup moins solitaire. Harold Noben, lui aussi, écrit sa nouvelle composition avec le concours des musicien.ne.s qui vont l’interpréter. Il a en effet rencontré plusieurs solistes de notre Orchestre symphonique – la harpiste Agnès Clément, le clarinettiste Antonio Capolupo, le trompettiste Rudy Moercant et le percussionniste Pieter Mellaerts – pour explorer avec elles.eux les possibilités de leurs instruments. Voici quelques photos de ces rencontres.
« Cette œuvre de commande est le dernier maillon d’une chaîne de miracles ». En voici la suite. 1er septembre 2020, l’année de la pandémie : après des mois de confinement, la Monnaie annonce une programmation d’automne modifiée, et c’est avec l’opéra de chambre de Harold Noben, À l’extrême bord du monde, que le public est à nouveau accueilli dans la Grande Salle. L’opéra évoque les derniers jours de la vie de l’écrivain Stefan Zweig et de sa femme Lotte, juste avant leur suicide à Petrópolis, au Brésil.
Alors qu’un opéra se planifie normalement des années à l’avance, cette pièce-ci a la chance de recevoir maintenant sa création mondiale à la Monnaie. Il n’y a que quelques semaines pour élaborer cette production semi-scénique, et le temps des répétitions sur scène se limitera à quelques jours. De plus, l’arrivée du quatuor avec piano ne tient qu’à un fil.
Mais, comme le disait Leonard Bernstein : « To achieve great things, two things are needed: a plan, and not quite enough time. » Et en effet, la première du 4 octobre remporta un tel succès que Peter de Caluwe s’est empressé de demander au compositeur une nouvelle création symphonique…
À l'extrême bord du monde | Harold Noben & Benoît Mernier
Cette œuvre de commande est le dernier maillon d’une chaîne de miracles.
Tout d’abord, le compositeur Harold Noben, déjà auteur de plusieurs œuvres instrumentales, s’est présenté en 2018 pour un projet de création contemporaine à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth. Il y reçoit l’opportunité d’écrire une œuvre pour la voix sous l’égide de son mentor, le compositeur Benoît Mernier. Ce qui aurait dû être un modeste projet, s’est transformé, au gré du hasard, d’un peu de chance et de volonté, en un véritable opéra de chambre pour mezzo-soprano, ténor et quatuor avec piano, intitulé À l’extrême bord du monde. Cette vidéo propose de suivre Harold Noben lors de ses séances de travail avec les chanteur.euse.s et les musicien.ne.s de la Chapelle Musicale Reine Elisabeth.